De la nécessité de créer une cité de l’innovation

Publié le 15 septembre 2014

Nous avons eu l’occasion et le plaisir de rencontrer le porteur d’un projet passionnant dédié à l’innovation. Ce porteur de projet, c’est Antoine Peillon, consultant. Et son projet, la Cité de l’innovation, devrait voir le jour très bientôt avec un premier événement, à Saint-Etienne, ville de Design UNESCO. Voici la première partie de son interview.

Bonjour Antoine et merci d’avoir accepté de répondre à notre interview. Pourriez-vous vous présenter en quelques mots pour nos lecteurs.

Bonjour, et merci à vous de me donner la parole. Je m’appelle Antoine Peillon, et j’ai 20 d’expérience dans le conseil, notamment en innovation. Diplômé du Mastère de management des entreprises de service de l’EM Lyon et formé au design thinking par le MOOC IDEA de l’EM Lyon et Centrale Lyon, j’ai commencé ma carrière comme consultant en organisation et environnement. J’ai ensuite été manager dans une société de conseil en innovation (Altran), puis j’ai effectué une mission de conseil auprès d’un commissaire-priseur, et j’ai également monté une activité de conseil en télécom d’entreprise pour un opérateur (Bouygues Telecom).

Mais mon parcours n’est pas que privé. J’ai aussi mis mes compétences de consultant au service de collectivités. C’est ainsi que j’ai été chargé de mission (consulting) au Grand Lyon : développement économique, finances, déplacement urbain étaient entre autres mes thèmes de travail, et plus globalement construire la métropole de demain.

Un parcours riche et sans doute passionnant. Mais qu’est-ce qui vous a amené à vouloir monter un projet relatif à l’innovation ?

L’innovation fait partie intégrante de mon parcours ! Et ce, dès le départ ou presque : je vous rappelle que j’étais manager chez Altran, leader mondial du conseil en innovation ! Mais au-delà de cette expérience, l’innovation a toujours été au cœur de mon travail et a toujours nourri mes missions de consulting, et ce, que ce soit dans le privé comme dans le public.

Quant à savoir ce qui m’a amené à vouloir monter un projet dédié à l’innovation, c’est justement mon parcours. Au cours de ces 20 dernières années, j’ai pu expérimenter une chose : l’innovation n’est pas valorisée en France, n’est pas montrée, n’est pas encouragée. A un moment donné, il m’a donc semblé indispensable de créer une structure qui aurait pour vocation de combler ce manque, en valorisant, montrant et encourageant l’innovation, auprès du grand public bien sûr, mais aussi des collectivités et des entreprises.

C’est toute la raison d’être du projet de Cité de l’Innovation : accompagner les collectivités et les entreprises dans la construction de la ville de demain en les conseillant et en les aidant à communiquer au grand public les innovations qui la façonneront.

Pouvez-vous justement nous retracer l’historique de ce projet ?

Au départ, j’avais un projet de création d’un musée de l’innovation à Lyon. Ce musée aurait dû présenter des prospectives, notamment concernant la ville, pour montrer ce que sera le monde de demain, au travers d’innovations. Les innovations, ce sont des produits, services, modes d’organisations, etc. qui ont vocation à être commercialisés, contrairement aux inventions ou découvertes qui ne sont pas appliquées. Ce ne sont donc pas seulement les nouvelles technologies, bien au contraire. L’idée était donc de présenter la ville du futur, d’ici 10 ans maximum, à travers les innovations sous l’angle de leurs usages et des changements qu’elles vont induire dans notre quotidien. L’objectif n’était évidemment pas de créer un musée poussiéreux et tourné vers le passé, mais bien un musée moderne et innovant, porté vers le futur, un peu comme le Phaeno de Wolfsburg.

Ce projet n’a pas abouti, pour des raisons diverses, mais je ne l’exclue pas du tout. Il reste un objectif à moyen terme, peut-être dans l’actuel Musée Guimet de Lyon qui s’y prêterait parfaitement aussi bien sur le plan de son histoire que de son emplacement.

De la ville comme laboratoire urbain

Publié le 26 septembre 2014

Dans cette partie de l’interview, il nous explique en quoi, selon lui, la ville peut et doit devenir un véritable laboratoire urbain.

Nous avons vu dans la première partie de l’interview que votre projet initial, créer un musée de l’innovation au sein du musée Guimet de Lyon, n’avait pu aboutir. Mais cela ne vous a pas arrêté, bien au contraire. Vous avez donc fait évoluer votre idée.

Exactement. Ce n’est d’ailleurs pas une mauvaise chose que ce premier projet n’ait pas abouti. Car je me suis rendu compte que, plutôt qu’un musée, mon parcours me portait plutôt, en premier lieu, vers la création d’une structure d’accompagnement et de conseil, auprès des collectivités, structure concentrée sur… l’innovation !

Aujourd’hui, donc, mon projet est de créer une société, de conseil et d’organisation d’événements, à vocation sociétale : permettre au grand public de mieux appréhender le monde de demain à travers le fait urbain.

Car la ville, pour les innovations, aussi diverses soient elles, matérielles comme immatérielles, peut être un véritable laboratoire du monde du futur, laboratoire pour des innovations technologiques, architecturales, sociétales. On peut créer de véritables laboratoires urbains.

Par exemple, il existe un projet intitulé Urban Bees. Ce projet a conduit à l’installation de ruches, dans le cœur même de Lyon. Grâce à ce projet, il est apparu que la ville est devenue un espace privilégié pour préserver les abeilles… de la pollution rurale ! La pollution urbaine est en effet moins nocive pour les abeilles que les pesticides utilisés massivement dans les exploitations agricoles rurales.

Nous pouvons aussi évoquer, toujours à Lyon, le projet Lyon City Techs, qui utilise Lyon comme un showroom urbain. Un « circuit », qui compte déjà à ce jour une vingtaine de sites qui présentent des systèmes urbains innovants et qui permet aux citoyens d’obtenir une information sur l’ensemble des savoir-faire lyonnais dans ce domaine, dédié aux délégations étrangères, a permis l’année dernière à 20.000 visiteurs de découvrir des innovations urbaines.

Nous allons donc aider les collectivités, les entreprises et le monde de l’entreprise à implanter des projets innovants dans les villes afin de préparer la ville de demain au service des citoyens. Nous allons travailler sur des idées innovantes, parfois simple, parfois complexes, en les co-imaginant, les co-créant, mais aussi en les co-construisant avec des experts, tous citoyens investis dans la vie de la cité.

C’est donc l’objectif de votre projet ?

Oui, entre autres. Mais le projet a aussi pour but, comme je le disais plus tôt, de faire connaître ces innovations. Il est capital que professionnels, entrepreneurs, collectivités et citoyens appréhendent le monde de demain à une échéance de 5 à 10 ans. Il est capital de donner envie à ces différents acteurs de participer à la création du monde de demain, plutôt que d’en rester spectateur ! La transmission du savoir et de la connaissance est donc un aspect majeur du projet.

Une échéance de 5 à 10 ans ? Cela paraît très court.

En effet, c’est court. Mais on ne peut plus aujourd’hui imaginer le futur à 20 ou 50 ans : les technologies et leurs usages évoluent désormais à une vitesse incroyable. Regardez l’évolution d’internet, des téléphones, mais aussi des vélos dans la ville, des voitures électriques, des bâtiments qui consomment mieux l’énergie, du développement des circuits courts… D’où une échéance courte. Car le monde de demain, c’est déjà presque maintenant.

Cité de l’innovation : Fonctionnement et objectifs

Publié le 30 septembre 2014

Dans cette partie, vous découvrirez comment fonctionnera la Cité de l’innovation et quels seront ses objectifs.

Pouvez-nous nous décrire votre projet de « Cité de l’innovation » en détail, Antoine ?

En réalité, le projet ne s’appellera pas « Cité de l’innovation ». Il s’agissait du nom initialement prévu pour la structure de type musée que nous devions créer à Lyon. Mais en effet, la problématique soulevée par ce nom correspond encore très bien au projet qui verra le jour d’ici quelques semaines.

Il s’agira d’une société commerciale, sous la forme d’une SAS (nous verrons plus loin l’intérêt de cette forme juridique), de conseil et d’accompagnement auprès des collectivités, mais aussi des entreprises en lien avec le monde de l’enseignement.

La société fonctionnera grâce notamment à trois comités :

Un comité scientifique

Ce comité, qui devra valider les objectifs du projet, valider le sens, être de manière indépendante un comité d’experts amenés à donner un avis sur l’orientation du projet, sera composé dans un premier temps de :

§ Bernard Mandrand, consultant en ingénierie, ancien directeur scientifique de BioMérieux, détaché à Lyon BioPole ;

§ Geneviève Bouché, docteur en sciences des organisations et futurologue, surnommée la Mère Minitel dans les années 80 pour sa participation centrale au développement de ce précurseur d’internet au sein de France Telecom ;

§ Gaële Beaussier Lombard : muséologue, mise à niveau de contenu et organisation de lieux d’exposition ;

§ Céline Cadieu-Dumont (à confirmer) : Responsable conservation du patrimoine pour le département du Rhône, réflexions sur le musée du futur et sur la mémoire ;

§ Anne-Sophie Chazaud (à confirmer) : rédactrice en chef du Bulletin des Bibliothèques de France édité par l’ENSSIB ;

§ Fatiha Hajjat (à confirmer) : consultante, organisatrice d’événements dont le Tedx Lyon.

C’est le haut niveau de compétences, en lien direct avec les composantes du projet, de ces experts, la diversité de leurs compétences et leur totale indépendance qui permettront d’envisager les projets de la manière la plus globale et performante possible tout en en garantissant l’efficacité.

Un comité stratégique

Le comité stratégique est un comité de réflexion composé de citoyens ayant des idées à partager au sein d’une structure. L’objectif de ce comité sera de compiler des idées pour construire des projets à vendre aux collectivités et aux entreprises. Car nous devons co-imaginer, co-créer et co-construire la ville de demain.

Un comité de partenaires

Il sera composé des entreprises, collectivités et institutions du monde de l’enseignement qui auront tissé un lien fort avec la Cité de l’Innovation, qui partageront la vision du projet et qui travailleront avec nous pour construire la ville de demain. A titre d’exemple, Altran pourrait être le premier partenaire de la Cité de l’Innovation.

Le projet s’inscrit dans une dimension d’intérêt général, en s’ouvrant à tous les publics, en préservant à ses activités un caractère laïque et apolitique. En toutes circonstances, le projet garantit un fonctionnement démocratique et transparent et préserve le caractère désintéressé de sa gestion.


Ce que nous voulons donc, c’est permettre à la Société de mieux appréhender les Innovations et les Usages pour mieux préparer la Ville de Demain en rassemblant des communautés d’acteurs, publics comme privés, portés par l’Innovation, et en en permettant le développement par le partage de connaissances et d’expertises.


Pourquoi une SAS et comment comptez-vous valoriser les participations de chacun ?

La société de conseil doit être comprise comme une sorte de société chef d’orchestre, un fédérateur de compétences. De fait, elle doit permettre d’accueillir ponctuellement, pour une mission ou dans le cadre d’un projet précis, des experts, freelances, et citoyens, souhaitant s’investir dans la vie de la cité, sélectionnés scrupuleusement pour leurs compétences, selon un processus de recrutement. Pour rappel, l’une des composantes de mon métier chez Altran, mais aussi Bouygues, était le recrutement de talents, domaine dans le lequel mes qualités ont été reconnues.

Aussi, La Cité de l’Innovation a pour vocation de reconnaître et de valoriser réellement le travail de tous ceux qui sont impliqués, d’une manière ou d’une autre, dans la réalisation de ses projets. Chacun pourra trouver la reconnaissance de son travail qui lui convient, ce que ne permettent plus aujourd’hui bon nombre de structures associatives, quelles que soient leurs formes ou vocation. On parle souvent de démocratie participative, mais les citoyens n’ont pas toujours l’impression de participer…

Finalement une forme d’organisation qui semble proche de celle de Nov’in…

En effet ! Et justement, je pense que, avec Nov’in, nous pouvons, ensemble, aller encore plus loin dans la logique de co-création. Nov’in peut faire germer les idées, les faire émerger, tandis que notre structure pourra les développer et les mettre en œuvre de manière concrète, tout du moins celles qui n’entrent pas dans le champ de compétences de Nov’in.

Concrètement, quel sera le métier de la cité de l’innovation ?

Il sera double, voire triple. Tout d’abord, évidemment, le conseil : mobiliser des panels de citoyens qui donneront leur étonnement consommateur aux projets, pour les collectivités et les entreprises, notamment. Ensuite, l’organisation d’événements :

§ Colloques et conférences : Qu’est-ce que l’innovation, à quoi elle sert, comment elle vient, etc. Ces conférences se feront au format TEDx, mais ne seront pas forcément estampillées TEDx.

§ Expositions sur l’innovation dans la ville : événements au carrefour entre le salon professionnel, le showroom et le musée. Ces expositions seront temporaires et itinérantes.

Mais aussi, nous n’oublions pas une des composantes majeures du projet : faire connaître au grand public les innovations et les villes de demain. Aussi, nous aurons un site internet, image virtuelle de la cité de l’innovation, créé par une agence web lyonnaise, partie prenante dans le projet.

Ce site :

§ Aura une communauté ;

§ Servira à obtenir des informations sur l’innovation, les nouveaux produits ;

§ Servira à écrire une vraie histoire de l’innovation ;

§ Proposera des contenus complémentaires aux expos ;

§ Offrira la possibilité d’accéder à l’exposition en ligne et en temps réel ;

§ Servira à un archivage systématique ;

§ Permettra d’effectuer la préparation du parcours d’exposition : une sorte d’« itinéraire d’exposition » ;

§ Etc.

A terme enfin, je conserve, comme je le disais plus tôt, l’idée de concevoir un lieu physique dédié à l’innovation. Comme un musée vivant, évolutif.

Merci Antoine pour ces réponses. Espérons que votre passion porte ses fruits. Bonne chance pour la suite.